30 octobre - Le Verdon - Marais du Logit
Je rencontre des enfants ; ils sont à la découverte de leur environnement et plus particulièrement des marais. Ils ont déjà beaucoup appris. Les animatrices et moi, devons les aider à fixer ce qu'ils ont vu, entendu, retenu. On se promène un peu dans le marais, à la recherche d'un endroit où se poser. Ils sont une quinzaine, filles et garçons, de six à onze ans.
Un héron nous accueille, puis ce sera un vol d'oies sauvages, cap au sud, en un vol d'abord un peu brouillon puis en formation d'usage - le V dissymétrique - salué par des cris de joie.
(photo prise sur blog ombretlumière)
Je propose la " fabrique " de haïkus. Un des garçons me regarde d'un air complice et, tortillant sa main - genre " à peu près " - me dit : les haïkus, c'est un peu africain, non ? Je rectifie et lui dis que non, c'est japonais mais que ça n'a pas beaucoup d'importance.
Quelques haïkus plus tard, la position assise en tailleur dans l'herbe commence à faire souffrir mes articulations. J'explique en rigolant que je suis vieille et qu'il faut que je change de position. Un des petits, tout blond et silencieux, me demande l'air inquiet " tu es vieille, toi ? " Je lui réponds qu'en nombre d'années, oui... Et là, tout doucement, comme on parle à une personne fragile, il me glisse " Tu manges lentement ? ". J'éclate de rire et lui dis que non, justement, je mange trop vite et que je suis vieille en âge mais pas dans ma tête. Il a l'air soulagé et me sourit.
Je ferai une livraison des poésies plus tard. Je vous donne à lire le texte que je leur ai proposé pour ouvrir la séance : Maupassant extrait de Le Horla :
[...] J’aime
l’eau d’une passion désordonnée : la mer, bien que trop grande,
trop remuante, impossible à posséder, les rivières si jolies mais
qui passent, qui fuient, qui s’en vont, et les marais surtout où
palpite toute l’existence inconnue des bêtes aquatiques. Le
marais, c’est un monde entier sur la terre, monde différent, qui a
sa vie propre, ses habitants sédentaires, et ses voyageurs de
passage, ses voix, ses bruits et son mystère surtout. Rien n’est
plus troublant, plus inquiétant, plus effrayant, parfois qu’un
marécage. Pourquoi cette peur qui plane sur ces plaines basse
couvertes d’eau ? Sont-ce les vagues rumeurs des roseaux, le
silence profond qui les enveloppe dans les nuits calmes ou bien les
brumes bizarres, qui traînent sur les joncs comme des robes de
mortes, ou bien encore l’imperceptible clapotement, si léger, si
doux qui fait ressembler les marais à des pays de rêve, à des pays
redoutables cachant un secret inconnaissable et dangereux. Non. Autre
chose s’en dégage, un autre mystère, plus profond, plus grave,
flotte dans les brouillards épais, le mystère même de la création
peut-être ! Car n’est-ce pas dans l’eau stagnante et fangeuse,
dans la lourde humidité des terres mouillées sous la chaleur du
soleil, que remua, que vibra, que s’ouvrit au jour le premier germe
de vie ?
Me pardonnerez-vous cet affreux calembour involontaire ? La Rêveuse de Marin Marais, j'en rêvais pour ce billet. (et youpee, je suis arrivée à mettre la musique sur le billet !)
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