jeudi 29 octobre 2015

34 - Bestiaire de voyage 2

On me dit et je ne peux le croire que les grues sont passées il y a longtemps. Et moi qui, chaque année les guette, les attends, les entends, parfois les vois et m'en réjouis-émeus, j'aurais raté cet événement ? Et bien ce soir, je les ai entendues, très loin il est vrai... mais c'était elles, les voyageuses ailées. (Depuis le début de l'écriture de ce billet, j'en ai vu beaucoup.)

Et qui ai-je vu dans mes dernières ballades ? Ah oui, lui là, le cygneau des marais : quel régal de s'étirer après avoir fouaillé la boue, s'être grattouillé : c'est Alfred et il ne sera blanc que plus tard quand il se salira moins et deviendra un peu prétentieux et poseur, comme ses parents.
Et puis, plus tôt dans la saison, il y avait eu aussi la rencontre avec ces folles de chèvres (que j'ai toujours envie d'écrire chêvre parce que je trouve que le petit chapeau sur le E leur va bien... ). Celles-là, on les a rencontrées à la ferme du Brukiza, à Bergouey-Viellenave autant dire, une mégalopole ! 
Elles étaient belles et folles, curieuses et hardies ; on a échangé, leurs yeux sont superbes et profonds ; l'une d'entre elles a essayé de manger la manche de ma veste mais c'était pour rire :
Dans mes voyages, je rencontre des gens bien sûr, mais ce sont les bêtes qui peuplent mes souvenirs et m'accompagnent longtemps. Je ne suis pas misanthrope mais...

Avec une spéciale dédicace à mon fiancé : pour lui, Shawn le mouton en Médoc :
Marais du Conseiller (Médoc)

dimanche 25 octobre 2015

33 Bis MUSIQUE VOLE !

 Arthur Grumiaux - Bach Sonata No.2 in A minor, BWV 1003 (IV. Allegro)

33 - Homme vole !

Jouiez-vous à Pigeon vole ?

Quand j'ai vu passer cet attelage, entre dune et eau, j'ai pensé Homme vole. À ce désir si ancien de faire l'oiseau. L'homme volant riait. Il allait à la rencontre de ses semblables aux ailes arrondies, parenthèses dans le ciel, poussant l'esthétique jusqu'à avoir des couleurs différentes.
Identification : joie !
Projection : peur !
Et si une rafale te projette contre la dune ? D'accord, ça n'est que du sable mais à 40 km/h, c'est dur le sable.
Et si une rafale contraire et contrariante te flanque dans l'eau ? La météo n'encourage pas le bain.
Nous parlons alors de ce rêve si répandu et récurrent de vols planés, à la canopée, sans autres outils que nos bras, notre élan et l'évidence de nos gestes. Je ne rêve plus que je vole et c'est dommage.
Sommes-nous toujours présents dans nos rêves ? Nous contiennent-ils toujours ? Ou bien leur arrive-t-il d'exister sans nous, peuplés d'autres connus et inconnus ? Peuplés d'Autre ?
Ce jour-là, nous jouions à la marelle sur deux saisons : automne sur le calendrier et hiver dans la réalité. Nous étions flottants, dans cet espace infime où le temps n'obéit pas, séparés les uns des autres par une fine couche de silence. C'était il y a longtemps déjà.

https://www.youtube.com/watch?v=B_Ab3kZjl8Q

Et comme je n'arrive toujours pas à mettre la musique, je publie en un deuxième billet celle que je voulais faire entendre ici. À Suivre et RDV billet 33 bis. 

jeudi 1 octobre 2015

32 - Bestiaire de voyage 1 : Le chant des vaches, la grâce des hérons

J'en ai croisé des quadrupèdes avec et sans cornes, des OVNI*, des furtifs, des majestueux, des gracieux !
Elles m'ont fait rire, celles-là ! Elles posaient devant l'appareil et les commères nous demandaient ce qu'on faisait là  tout en essayant d'attraper la petite branche d’acacia de l'autre côté de la clôture. À la fois placides et un brin agacées de voir ces voyeurs de voyageurs, meuglant en chœur et gaiement : " Ben quoi ? oui, nous sommes jolies mais nous, franchement, nous ne vous trouvons pas très beaux. Qu'est-ce qu'il y a ? Tu veux ma photo ? Pousse toi, Hortense, tu sais que je suis beaucoup plus photogénique que toi ! Vas-y, Clémentine, c'est ton solo " etc.
Je suis restée un long moment (à distance quand même) parce qu'elle étaient drôles et expressives, avec des tempéraments différents, leurs oreilles de lama et leur museau comme un groin.
Et puis, les OVNI (*oiseaux volants non identifiés, oui parce qu'il y a des oiseaux qui ne volent pas ou très mal), les bavards, les mutiques, les graciles et les gracieux, les invisibles, les diurnes et les noctambules : une multitude.
J'aime les hérons parce qu'ils sont timides et souvent seuls. Il faut se tenir loin d'eux. Leur envol est superbe, ample et ralenti. Une beauté silencieuse.
Je suis vraiment contente parce que cette année j'ai vu plein d'hirondelles ! Partout où je suis allée, les gens me disaient : " oui, elles sont là, elles sont revenues  !" Et ça m'est une joie.
Et je pensais : mais que seraient ces paysages sans les bêtes ? Ils en sont l'âme, le vif, les habitants. Ils en connaissent les fraîcheurs, les lumières, les dangers et les plaisirs.
Dans le Bestiaire 2, nous irons du côté des caprins et il y a de quoi faire avec ces créatures.
En attendant :
http://www.dinosoria.com/sons/hirondelle_rustique.mp3
et quelques vaches sous la lune...