dimanche 22 février 2015

8 - Saison Rameau

Quel beau nom il a, ce musicien, beau comme sa musique !
Rameaux portant un ciel griffé par les avions. Photo Clarisse Mèneret.
Depuis quelques temps, il m'accompagne. Il est là depuis longtemps, certes, mais fait un retour en force. Vu et entendu l'autre soir sur Mezzo toute une suite de danses pour orchestre portée par Jordi Savall : un pur délice d'intelligence musicale et d'élégance, une jubilation de l'esprit et du cœur ; j'ai pensé - une fois de plus - que l'émotion ne pouvait être séparée de l'intelligence, de l'intelligibilité d'un discours tellement fin qu'il apporte l'émotion. Pas que de l'intelligence, sinon c'est sec, désincarné, monde abstrait d'où l'humain est absent... Mais du SENS, un propos. En musique aussi, en musique surtout puisque pas de mot et de l'éphémère : ce que je viens d'entendre est déjà passé. On peut rester devant un tableau, un concert s'achève.
Rameau avait un sale caractère, dit-on. Mais je comprends que Rousseau l'ait énervé (Rousseau m'énerve).
Il a 80 ans quand il compose Les Boréades, comme quoi, la valeur attend parfois le nombre des années.
Pas trouvé la sublime version de Jordi. Trouve celle de Minkowski très belle mais un peu rapide. Alors j'ai choisi des p'tits jeunes, catalans aussi (comme Jordi), pour cette superbe Contredanse en rondo qui fait danser ma tête depuis des jours et des jours.
JONC : Jeune Orchestre National de Catalogne

P.S. : petit détail technique : pardon à ceux qui arrivent à poster des commentaires, je vous réponds mais mes réponses disparaissent. Alors, entre ceux qui n'arrivent pas à commenter, ceux dont les réponses disparaissent et mes réponses ratées, c'est rageant. Faut qu'je consulte (des spécialistes de Blogger).

mardi 17 février 2015

7 - Où est passé le doux passé ?

Cela débarque parfois, arrive comme une vague qui vous prend par surprise, vous laisse pantois !
Cela a existé, vous y étiez, vous et vos autres, enfants, amis, animaux. C'est vous et ce n'est pas vous.
Les autres, c'est sûr, c'est eux. Mais vous ? Impossible de vous saisir, de vous saisir en l'instant. Pourtant vous vous souvenez de tout : la saison, l'endroit, la douceur de l'heure. Mais vous, pas moyen de vous mettre un nom dessus. Sous un auvent de bambou, devant le jardin où sûrement courent les chiens. Cette enfant au sourire indicible, au regard arrimé au vôtre, une main sur votre épaule. Quelque chose de poignant vous prend au plexus. Il fait doux, on va pouvoir dîner dehors. L'enfant demande quelque chose, peut-être : " On ira se promener après ? " ou bien " Qui tu préfères, Titus ou Mirza ? "... Il faut répondre.
Et puis quitter, oui, en se retournant un peu sur une image d'une telle douceur qu'on ne peut plus respirer, mais partir, laisser le passé au passé, à sa place et remercier que cela ait existé.
Photo : Philippe PELLETIER - Musique  : Frédéric CHOPIN, Valse de l'Adieu

dimanche 8 février 2015

6 - " Je suis gong "


Je suis gong

Dans le chant de ma colère, il y a un œuf
Et dans cet œuf, il y a ma mère, mon père et mes enfants,
Et dans ce tout, il y a joie et tristesse mêlées et vie.
Grosses tempêtes qui m'avez secouru,
Beau soleil qui m'a contrecarré,
Il y a haine en moi, forte et de date ancienne.
Et pour la beauté on verra plus tard.
Je ne suis, en effet, devenu dur que par lamelles ;
Si l'on savait comme je suis resté moelleux au fond.
Je suis gong et ouate et chant neigeux,
Je le dis et j'en suis sûr.

Henri MICHAUX in La nuit remue

mardi 3 février 2015

5- Le très grand et le très petit...

Je trie mes photos, enfin je tente. Il y a des moments où mon désordre m'embarrasse. J'essaie pourtant, j'essaie de classer, de ranger. Mais je sais aussi que ce désordre fait surgir parfois des choses oubliées, qui ne sont pas où elles devraient être, là où on irait logiquement les chercher. Du coup, on TOMBE dessus, au détour d'une visite ou d'une recherche d'autre chose (la serendipité, d'après Grozdanovitch - merci Martin).
Alors les trouvailles de ce matin sont de deux ordres : le très grand (clin d'œil à Christine)

(Lacanau, été 14)

Et dans les photos égarées, des petites folies, des fragments, des brisures bleues de Safi d'où naissent des petits animaux, des oiseaux chapeautés : 
De là à proclamer "  Vive le désordre ! ", il n'y a qu'un pas que je franchis allègrement.

Pour la zique, c'est par un errement (encore un) total et ravi que j'arrive à la magnifique dame qui chante dans TIMBUKTU. J'étais partie sur les Tambours du Bronx (à cause que mon bureau et mon ordi " c'est le Bronx " ) et puis, j'ai écouté et j'ai été surprise d'avoir tant aimé, c'est quand même bien hard. De là, je suis passée aux magnifiques Tambours du Burundi (vus deux fois en vrai, électrisants) mais las ! que des videos perso de concerts filmés à 358 mètres de la scène, façon flou artistique avec silhouettes passant devant la caméra. Et puis, j'ai pensé au passage superbe du film superbe. Capillotracté, certes mais vrai.

dimanche 1 février 2015

4 - Et si on riait ?

Comme des idiots, comme des enfants fous, même si et surtout puisque  rien n'est drôle, au fond. Rire de peur, rire de la pluie et de la grêle, rire des absents et avec les présents et inversement.

Rire de nous-mêmes, si dépourvus d'humour (je parle pour moi, enfin.... les avis sont partagés), éclater, pouffer, se marrer, arrêter de se prendre au sérieux, de s'écouter, de geindre et de se plaindre. Juste aller chercher la joie avec les dents ! Et si on ne trouve rien, aller devant un miroir et se faire un grand sourire, un auto-portrait au sourire avec ce qu'il faut de gravité au coin des yeux parce que franchement, ça cohabite très bien ces deux états, c'est nous.
Ce soir - peut-être un p'tit coup de folie - tout me fait rigoler ! Même ma compassion est souriante, elle a meilleure mine comme ça, je trouve. Sans doute une saturation d'horreur, une fatigue de la tristesse. Et même si ça ricane en coin, ça rit jaune, je suis envahie malgré moi d'une espèce d'euphorie : va-ce durer ? À suivre !
Aga aga memnon....